Alors que l’utilisation du terme "Smart city" est de plus en plus répandu et de nombreux projet ...
Alors que l’utilisation du terme « Smart city » est de plus en plus répandu et de nombreux projet ainsi tagués voient le jour sur le continent, la confusion règne toujours sur ce qu’est exactement une smart city et surtout pourquoi et comment la construire, d’autant plus que plusieurs termes similaires sont souvent utilisés de manière interchangeable. Plusieurs assimilent la smart city à la ville digitale, la ville connectée ou encore la ville où tout est gérée par des technologies de dernière génération s’excluant ainsi de tout projet de ce type qu’ils perçoivent comme une affaire des autres.
Cet article vise à clarifier la signification du mot « smart » dans le contexte des villes africaines par une approche basée sur une analyse documentaire approfondie d’études pertinentes ainsi que de documents officiels d’institutions internationales. Il identifie également les principales dimensions et éléments caractérisant une ville intelligente. Enfin, il nous donne également quelques orientations sur pourquoi les villes africaines devraient opter pour des stratégies de smart city comme solution à plusieurs défis urbains dans notre contexte et la nécessité de la formation pour réussir les projets de smart city sur le continent.
Il existe de nombreuses définitions des « smart cities » qui peuvent varier d’un contexte à l’autre. Il s’agit d’un nouveau paradigme ayant une série de variantes conceptuelles est souvent obtenue en remplaçant « smart » par d’autres adjectifs comme par exemple « intelligent » ou « numérique » ou encore « connectée ». L’étiquette « smart city » est un concept parfois un peu flou et donc souvent utilisée de manière incohérente. Cependant, il n’existe pas une définition unique de la smart city, ni un modèle unique de celle-ci.
Ainsi beaucoup voient la smart city comme « une ville avec une haute technologie intensive et avancée qui connecte les citoyens et partage les informations pour relever ses défis ».
D’autres par contre voient la smart city comme une « ville qui tente d’améliorer les performances urbaines en utilisant les données et les technologies de l’information (IT) pour fournir des services plus efficaces aux citoyens, pour surveiller et optimiser les infrastructures existantes, pour accroître la collaboration entre les différents acteurs économiques et pour encourager des modèles commerciaux innovants dans les secteurs privé et public ».
Cette deuxième définition selon laquelle les initiatives de transition smart city seraient adaptables à toutes les villes africaines par des actions smart sur les 6 principales dimensions : économie, citoyenne, gouvernance, mobilité, environnement et vie smart.
Plusieurs raisons peuvent justifier le besoin d’opter pour les initiatives de villes intelligentes en Afrique :
Du fait de la géographie, de l’histoire et des cultures propres à chaque ville, il n’y a pas un modèle unique de smart city en Afrique. Des projets différents se mettent en place dans plusieurs métropoles et, chaque année, des multinationales convaincues du potentiel de croissance du continent s’impliquent dans des projets ambitieux aux côtés des villes africaines.
Face aux problèmes urbains en Afrique, émergent les initiatives de mise en œuvre de nouveaux projets de villes intelligentes qui doivent surpasser des défis intrinsèques qui entravent leur réussite. Ces projets de smart cities sont souvent planifiés soit par transformation des villes déjà existantes (Kigali, Accra, Cape town, Johannesburg, Lagos, Nairobi, etc) ou création de villes nouvelles (Tanger med, Sémè city, Diamniadio, Akon City, Konza, etc).
Cependant, ces projets le plus souvent calqués aux modèles occidentaux et implémentés sans réelles considérations de réalités locales, peinent à être menés à bien et donc à relever les défis urbains africains. Il est donc nécessaire d’asseoir le rôle et les stratégies des villes intelligentes relativement au contexte africain, comme moteur du développement urbain durable et résilient en Afrique. Ceci passe par la formation et le recyclage des compétences des acteurs de la planification et la gestion de ces projets sur la définition et la mise en œuvres des stratégies des villes intelligentes en Afrique. Ce besoin se manifeste aujourd’hui par une demande tangible et croissante des acteurs urbains, experts et chercheurs africains hautement qualifiés sur le thème des Smart Cities sur le continent africain. Ceci est particulièrement visible dans tous les domaines de la transformation numérique du continent, en particulier dans la télédétection par drones, l’utilisation de l’intelligence artificielle, l’inclusion et la participation citoyenne, la gestion durable res ressources, la protection de l’environnement, la résilience, l’open data aussi bien pour la planification urbaine mais aussi comme technologie pour les stratégies des smart cities adaptées au contexte africain.
La formation aussi bien dans les domaines de l’ingénierie que les sciences sociales et humaines relatives la smart city africaine apparaît comme un maillon central son développement sur le continent. Comme l’a une fois affirmé Jérôme Chenal au Bénin dans son intervention sur le mégaprojet Sèmè City en tant que formateur : « Les smart cities requièrent des compétences un peu différentes de celles de l’urbanisme conventionnel, fait-il remarquer. Il faudra donc massivement former des ingénieurs dans le domaine de l’urbanisme digital et des systèmes urbains, pour qu’ils soient capables de gérer cette mine numérique et technologique ».Les experts en smart city comme Mohammed El Kettani, estiment en outre qu’une formation des ingénieurs et spécialistes africains, à grande échelle et en qualité, déboucherait sur la création de solutions smart africaines qui pourraient s’inspirer des économies développées, « sans faire du copier-coller », et qui renforceraient la résilience, l’inclusivité et la durabilité des villes africaines.
Par Stephane KOUMETIO
Postdoctoral Researcher – CUS-Center of Urban Systems